CORAIL DÉVELOPPEMENT

Aide au développement
Coopération décentralisée à volet économique

Actualités des projets et des missions

Octobre 2022

LE PROJET DESSALEMENT SUR LES RAILS

Le contexte du projet

Le projet DESSALEMENT est l’un des 3 grands ouvrages réalisés par Corail dans la région du TAGANT en Mauritanie, en parallèle de la phase 2 de l’opération TAGANT EAU et du projet de télémétrie. L’opération DESSALEMENT a pour objectif de produire de l’eau pure à partir de l’eau saumâtre présente dans les nappes. En effet, l’une des conclusions de la première phase d’étude de TAGANT EAU, a mis en lumière le fait que plus de la moitié des ressources souterraines du TAGANT (et en réalité, de la Mauritanie) présentait des taux de salinité supérieurs aux normes de l’OMS, donc impropres à la consommation humaine mais également impropres à l’irrigation et à l’abreuvement du cheptel. Face à ce constat, Corail a été sollicité par les autorités locales pour identifier puis tester une solution de désalinisation : la société MASCARA a été sélectionnée pour implanter sur le village de TICHITT un dispositif de dessalement par osmose inverse.

 

Ce dispositif, devant répondre aux besoins domestiques des habitants de TICHITT (de l’ordre de  2.000 habitants), sera fonctionnel fin novembre, permettant ainsi une inauguration des équipements à l’occasion du festival des villes historiques mauritaniennes, donc en présence du Président de la République et de son gouvernement.

 

La technologie utilisée

L’osmose inverse est un système de filtrage ayant pour but de retenir les impuretés présentes dans l’eau pour conserver uniquement les molécules d’eau. L’utilisation de la pression hydraulique permet d’orienter l’eau vers une membrane dite semi perméable, bloquant ainsi le passage de particules et permettant d’obtenir de l’eau claire.

CORAIL et son partenaire AMETEN collaborent avec les entreprises MASCARA et TECHNOSYSTEM pour l’installation de cette station de dessalement. Le dispositif sera autonome car alimenté par des panneaux solaires sans batterie.

Octobre 2022

L’OBTENTION FASEP TAGANT : UNE REUSSITE SYMBOLIQUE DE LA COOPERATION DECENTRALISEE

La newsletter n°7 vous présentait les mécanismes du Fonds d’Etude et d’aide au Secteur Privé, la newsletter n°8 quant à elle est porteuse de bonnes nouvelles : les entreprises AMETEN, PARATRONIC et SEMERU, accompagnées par CORAIL, ont officiellement obtenu ce financement dans le cadre de l’installation d’un dispositif pilote de télémétrie dans la région du Tagant en Mauritanie ! L’occasion pour nous de revenir sur la construction de cette opération, qui illustre et symbolise la pertinence de la coopération décentralisée comme vecteur de l’aide au développement.

 

Répondre à un besoin

Le contexte mauritanien est particulièrement caractéristique du fossé qui se creuse aujourd’hui entre les pays émetteurs de gaz à effet de serre et les populations qui en subissent les conséquences. La Mauritanie qui produit seulement 0,03% de l’ensemble des émissions de manière constante depuis plus de 20 ans, fait face à une situation de stress hydrique sévère. Alors que l’OMS définit la limite de stress hydrique à 1.000 m³ de ressources en eau renouvelables par an et par personne, le pays enregistrait un chiffre de 445 m³ en 1968. Si son impact environnemental est resté limité depuis, la raréfaction de la ressource quant à elle n’a fait que croitre pour atteindre 91 m³ par an et par personne en 2018, soit dix fois moins que la limite de l’OMS.

La coopération décentralisée établie entre la région du TAGANT et la région Auvergne Rhône-Alpes a permis, lors d’une première phase d’étude, de faire l’état des lieux de la situation hydrique mauritanienne et d’en déduire des sources de production exploitables. En réponse à la demande initiale du conseil régional, les nappes phréatiques et un processus de dessalement des eaux souterraines saumâtres ont été identifiés. Des ressources complémentaires ont également été étudiées notamment via la  réalisation d’un barrage dans la ville de BAGHDADA.

 

Valoriser des savoir-faire

Néanmoins, évoluer dans un contexte de rareté rend indispensable l’optimisation de la gestion de cette ressource. Or, pour pouvoir l’optimiser il faut avant tout la connaitre et être capable d’en suivre l’évolution. Par méconnaissance de la ressource, les autorités locales tendent à privilégier des solutions immédiates qui se retrouvent parfois, à terme, être nuisibles. Une surexploitation des nappes phréatiques peut notamment conduire à l’asséchement des palmeraies. L’opération « TAGANT EAU » s’est alors divisée en plusieurs composantes dont l’une dédiée à la mise en place d’un dispositif pilote de télémétrie.

Le « FASEP Innovation Verte » vient donc féliciter cette initiative et accompagner financièrement cette coopération permettant l’exportation d’une technologie nouvelle sur le territoire mauritanien. Les savoir-faires de trois PME auvergne rhône-alpines seront exportés pour l’installation de sept stations pilotes  :

  • Le bureau d’études AMETEN, en tant que chef de file du projet, coordonne l’opération et installe le Système d’Information
  • L’entreprise PARATRONIC fabrique et fournit les équipements
  • L’entreprise SEMERU installe le dispositif de mesure et les interfaces d’exploitation de mesures

Les savoir-mauritaniens en génie civil seront également mis à profit avec la sélection par appel d’offre d’une entreprise locale. Le partenariat ONG-entreprise n’est pas en reste non plus : les compétences des associations Corail et ADIG sont de nouveaux valorisées sur des aspects institutionnels, de logistique et de renforcement de capacités. Corail assure l’ingénierie du transfert de savoir-faire et coordonne les aspects institutionnels.

 

Répondre à une problématique nationale

Comme évoqué précédemment, le stress hydrique est un phénomène généralisé en Mauritanie. La coopération décentralisée, valorisant l’introduction d’une technologie à l’échelle régionale, confère un double rôle au territoire pilote :

  • vecteur d’adaptation aux paramètres locaux (culturels, techniques, contextuels, financiers…) qui ne peuvent évidemment pas tous être anticipés lors de l’étude de faisabilité ;
  • démonstrateur de l’efficacité d’une technologie nouvelle aux autres collectivités du pays et aux décideurs nationaux ;

… permettant ainsi de préparer un déploiement efficace et durable à l’échelle national.

Octobre 2022

L’EFFONDREMENT FINANCIER DU LIBAN : IMPACT SUR LES POPULATIONS ET LES SERVICES PUBLICS

L’EFFONDREMENT FINANCIER DU LIBAN : IMPACT SUR LES POPULATIONS ET LES SERVICES PUBLICS

 

Pour cette 8ème newsletter, nous avons fait le choix de donner la parole à Clara SEMAAN, chargée de mission développement touristique au sein de la Fédération des Municipalités du Caza de Bcharré. Cet article vise à informer nos partenaires de la dégradation de la situation du Liban dont nos amis libanais sont les meilleurs relais. Ce préambule est une nouvelle occasion pour nous de leur témoigner notre compassion.

 

L’effondrement financier depuis trois ans au Liban a gravement dévalué la livre du pays et vidé les caisses de l’État, plongeant 80 % de la population dans la pauvreté et sapant les services publics, notamment l’eau et l’électricité. La situation libanaise s’aggrave chaque jour de plus en plus.

 

Une crise politique : expiration du mandat présidentiel et taux de change

L’élection présidentielle est prévue fin d’Octobre 2022, le Liban est dans la période d’expiration du mandat présidentiel, et rien n’a été convenu jusqu’à présent. Il y a plusieurs scénarios possibles dont l’un est que le Liban entre dans une vacance présidentielle ce qui engendrera une dégradation de tous les secteurs d’activité.

Le président du Parlement libanais, Nabih Berri, a d’ores et déjà convoqué deux sessions pour élire un nouveau président, qui se sont avérées infructueuses à cause de l’absence de consensus politique sur un candidat et les faibles chances d’un vote réussi.

Le Parlement libanais a approuvé la loi de finances générale pour l’année 2022 qui ne correspond pas à la réforme de l’FMI (Fonds Monétaire International), avec un déficit de plus de 10 milliards de livres libanaises.

Le Parlement a utilisé un taux de change pour les recettes fiscales douanières bien inférieur à la valeur du marché noir de la livre libanaise, en deçà des mesures de réformes économiques qui ouvriraient la voie à une aide financière du FMI. Un accord entre le gouvernement libanais et le FMI a annoncé que les autorités devraient augmenter les revenus pour financer le secteur public paralysé et permettre davantage de dépenses sociales en calculant les taxes douanières à un « taux de change unifié ». Mais le Parlement a approuvé un taux de 15.000 livres libanaises pour un dollar, alors que le taux du marché noir se situait à environ 40.000 livres libanaises. Les responsables considèrent l’approbation d’un taux de change plus élevé pour les importations comme une décision qui serait impopulaire dans ce pays fortement dépendant du commerce extérieur.

 

Une crise économique : baisse du pouvoir d’achat et grève des banques

Le dollar américain continue de varier tous les jours à la hausse (beaucoup plus que vers la baisse) tant qu’il y a une instabilité politique, donc le pouvoir d’achat diminue chaque jour de plus en plus.

Les banques ont annoncé une grève ouverte depuis plus qu’une semaine pour des raisons d’insécurité comme il y a eu récemment des attaques par des citoyens contre différentes banques partout au Liban. Face à la poursuite de la grève des banques, des impacts sur plusieurs secteurs ont été soulevés surtout sur l’importation des produits, notamment les produits alimentaires, médicales, fuel…

Par exemple, les patients atteints de maladies chroniques ne trouvent pas leurs médicaments sur le marché, les étudiants payent le prix de leur fourniture et de leurs livres scolaires en dollars quand ils en trouvent …

 

Une crise scolaire : grève des enseignants et hausse des frais de scolarité

La crise économique a également laissé les écoles publiques fermées jusqu’à présent. Cette année scolaire, les enseignants du secteur public mènent une grève à durée indéterminée au sujet de leurs salaires fortement dévalués et les administrations craignent de ne pas pouvoir obtenir du carburant pour garder les lumières et le chauffage allumés pendant l’hiver. (Le salaire mensuel actuel d’un enseignant est calculé sur la valeur de change officiel qui a resté 1.507 LBP pour un dollar américain, donc en moyenne, son salaire est d’environ 1.500.000 LBP par mois ce qui vaut 38 dollars américains).

En outre, les écoles privées ont pu ouvrir leurs portent durant cette semaine, parce qu’ils ont augmenté les frais scolaires annuels dont une partie est calculé en « fresh dollar », et le salaire des enseignants des écoles privés a augmenté également, cette augmentation n’est pas équitable mais « c’est mieux que rien ». (Le salaire mensuel d’un enseignant d’une école privée est environ 8 millions livres libanaises ce qui vaut 210 dollars américains).

Dans les deux cas, et comme la plupart des métiers au Liban, un salarié ne peut pas survivre s’il ne gagne pas au moins 1.000 dollar américain par mois ou l’équivalent de ce montant en livres libanais en l’estimant sur le taux de change journalier. (Aujourd’hui, pour qu’une personne puisse survivre il faudrait en moyen 25 millions livres libanaise par mois).

 

Une crise quotidienne : pénurie d’eau, d’électricité et de réseau internet

Le prix de l’essence augmente toujours coïncidant l’augmentation de la valeur du dollar, parce que ce secteur dépend de l’importation comme le Liban n’a pas de « stock de fuel ». Si le gouvernement retarde l’importation d’essence des pays arabes, les propriétaires des stations arrêtent de vendre l’essence en attendant la nouvelle augmentation des prix, ce qui engendre une pénurie de cette matière de base, et des « lignes infinis » des libanais qui attendent leur tour aux stations.  Cette stratégie est appliquée à tous les types de carburants.  En fait, le prix de l’octane aujourd’hui est 780.000 LBP pour une tank de 20 litres ce qui correspond environ 19 dollars, le prix du diesel est 900.000 LBP ce qui est environ 23 dollars pour 20 litres.

L’électricité du Liban est complètement coupée, et seulement ceux qui ont la capacité de payer en « fresh » dollar dépendent des générateurs privés. En même temps, les propriétaires de ces derniers, monopolisent le marché et augmentent le coût de fonctionnement des moteurs à cause de l’augmentation du prix de fuel.

L’absence de l’électricité engendre aussi l’absence de l’accès en eau puisque l’eau du gouvernement atteint les maisons grâce à des moteurs de pompage qui fonctionnent sur le fuel et l’électricité. Pour cela, les Libanais sont obligés d’acheter des citernes d’eau chaque jour pour remplir leurs placards, également à très haut prix. Bien sûr, nous parlons d’eaux usées, pas d’eau potable, car l’eau potable est achetée en bouteilles/galons au supermarché. Dans les campagnes notamment dans le Caza de Bcharre, on ne vit pas ça parce que l’eau est accessible aux sources des montagnes.

Quant à l’internet, la connexion est pire, la qualité de service est très mauvaise, le cout est élevé et varie tous les jours selon les prix de change du dollar au marché noir.

 

Une crise dans le Caza : le cas des agriculteurs

Au niveau du Caza de Bcharré, cette période est très sensible pour les agriculteurs. La production de pommes est entassée, et il n’y a aucun commerçant qui veut les acheter à un prix raisonnable en raison du surplus de la production.  Si quelqu’un réussit et est capable de vendre sa production, il vend la caisse de 20 kg à 2 USD ce qui est un prix très bas et ne couvre même pas la moitié du coût de la production !

De même, l’agriculteur n’arrive pas à mettre sa production dans les réfrigérateurs pour deux raisons : la première pourrait être le manque de place dans les entrepôts, et la deuxième est le prix très élevé du coût de stockage. Sur 4 mois de stockage le coût s’est élevé à 6.5 dollars par caisse stockée.

 

Clara SEMAAN

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