CORAIL DÉVELOPPEMENT
Coopération décentralisée à volet économique
Actualités des projets et des missions
Octobre 2022
AIDE AU DEVELOPPEMENT ET DIFFERENCES CULTURELLES
Cet article est l’occasion pour notre chargée de projet, Agathe WATTELET, de présenter les recherches menées dans le cadre de son mémoire de fin d’étude. En lien direct avec la philosophie de l’association, elle s’est interrogée sur la nature de l’impact des différences culturelles sur l’efficacité des projets d’aide au développement. Obstacle ou facilitateur ? Sans surprise, ses conclusions sont optimistes pour l’avenir de l’aide au développement. Néanmoins, si la prise en compte de ce paramètre par les acteurs du développement est grandissante, le chemin est encore long. Son travail de recherche se termine donc sur un ensemble de recommandations, largement inspirées de son expérience au sein de CORAIL, pour le montage et la réalisation des projets d’aide.
Un auteur de référence : le travail de Clair Michalon
L’un des travaux doctrinaux ayant inspiré cette réflexion est celui mené par Clair MICHALON. Agronome de formation, ses nombreuses missions à travers le monde l’ont amené à s’interroger sur les questions interculturelles. Son objectif est clair : « lire les différences culturelles pour rapprocher les Hommes ».
Pour mieux les comprendre, il a questionné l’origine des différences culturelles entre les différentes sociétés. Ses expériences l’ont amené à rejeter la thèse des paramètres identitaires : ni la nationalité, ni la religion, ni la couleur de peau ne façonne la culture des individus. Il met, quant à lui, en avant deux autres paramètres contextuels ayant une influence sur la culture des Hommes.
- Le droit à l’erreur : plus les conséquences d’une erreur ont des chances d’être fatales pour un individu, plus il se situe dans une situation de précarité. A l’inverse, moins le risque de l’erreur est dangereux, plus il se situe dans une situation de sécurité.
- Le mode de transmission du savoir : il est possible de placer les groupes sociaux sur un spectre allant de l’oralité pure à l’écriture pure.
Or, l’aide publique est le théâtre de la rencontre de ces contextes différents. Dans le cadre des opérations menées par Corail, des partenaires français en situation de sécurité et de tradition écrite rencontrent des partenaires généralement en situation de précarité privilégiant l’oralité. Un des « quiproquo culturel » majeur engendré par cette confrontation directe se situe dans le rapport à l’initiative.
D’une part, les risques de l’échec ne pèsent pas lourd sur les épaules des acteurs aidants qui ont donc pour objectif l’augmentation de leur niveau de vie, valorisant donc l’innovation. Clair Michalon explique que les individus en situation de sécurité agissent selon la logique du « tu feras mieux que ton père ». En outre, l’usage d’un alphabet composé de lettre n’ayant aucune correspondance avec un élément réel favorise l’abstraction, la capacité à penser ce qui n’existe pas déjà : la pensée analytique. A l’inverse, les acteurs aidés en situation de précarité ont pour objectif la survie, les conduisant à reproduire des méthodes préétablis qui ont déjà faire leur preuve. Des projets innovants sont donc proposés à des individus dont la culture leur ordonne : « tu feras comme ton père ». Cette incompréhension est doublée par la tradition d’oralité qui favorise la comparaison : la pensée analogique.
Une conclusion empirique : des étapes et des acteurs
Mais alors comment faciliter la rencontre des cultures des pays aidés et des pays aidants ? Comment éviter les quiproquos culturels à l’origine de l’échec de certains projets ? Après vingt années d’expérience, l’association CORAIL a développé une méthode qui s’appuie sur le découpage des projets en étapes.
Dissocier l’étape pilote du déploiement est essentiel pour adapter le dispositif aux pratiques issues de la culture locale qui pourront exercer une influence sur le déroulement de l’opération : croyances, rapport à la personne morale, rapport au temps de travail … Cette phase a également pour objectif de servir de « démonstrateur » aux bénéficiaires dont la logique analogique favorise l’apprentissage par l’exemple. Une volonté de transférer des compétences comme des technologies ne peut pas ignorer l’importance de l’expérimentation.
En outre, matérialiser ces phases permet également de répondre à la question : qui agit quand ? On constate en effet empiriquement que les projets conçus par les bailleurs « classiques » (Banque Mondiale, FMI, BEI …) maximisent leur rentabilité au détriment de la prise en compte des aspects culturels qui est un processus long et peu lucratif, mais pourtant essentiels au succès d’une opération. Dès lors, les étapes de conception du dispositif (l’étude de faisabilité et la phase pilote) doivent être portées par des acteurs à même de maitriser les temps longs et d’entretenir des relations de confiance au quotidien. Les collectivités territoriales et les organisations de la société civiles s’avèrent être les échelons les plus adaptés, notamment dans le cadre de la coopération décentralisée. Les bailleurs « classiques » n’interviennent alors qu’au moment du déploiement qui mobilise des budgets plus importants et dont la temporalité est maitrisable.
Pour approfondir, n’hésitez pas à nous contacter par mail pour recevoir une copie du document intégral.
Alain Tidière, directeur de Corail, au CYCL'EAU 2022
Octobre 2022
« Un défi à relever : garantir l’accès à l’eau à tous » – Conférence du CYCL’EAU 2022
Ce jeudi 29 septembre Alain TIDIERE, directeur de Corail, a participé à la conférence « Un défi à relevé : garantir l’accès à l’eau à tous ! » dans le cadre du #Cycleau2022 qui se tenait à Vichy.
Un temps d’échanges partagé avec Anne-Sophie DOUZA pour la Région Auvergne Rhône-Alpes et Hervé GILLIARD pour l’Agence de l’eau Loire-Bretagne.
Au programme de son intervention, le lien entre amélioration de l’accès à l’#eau dans les pays en développement et valorisation du savoir-faire des PME à l’international. La présence de Patrice RILLY de l’entreprise PARATRONIC et de Khalid ALAMI du bureau d’étude Améten a été l’occasion d’aborder l’exemple de l’opération de télémétrie dans la région du Bélier en Côte d’Ivoire.
Ludovic Le Contellec, gérant du bureau d'études Améten
Juillet 2022
L’édito de Ludovic Le Contellec, trésorier de Corail et directeur du bureau d’étude Améten
« L’aménagement du territoire et l’environnement : plus qu’un métier, une véritable passion. »
Lorsque j’ai décidé, il y a près de 10 ans, de créer ma société Améten (Aménagement du territoire et Environnement), je l’ai fait par passion du métier, mais également pour maîtriser mon outil de travail, afin qu’il puisse être pérenne le plus longtemps possible dans une perspective de développement durable intégrant le côté viable de ce concept.
Cette passion est venue au plus profond de moi en Bretagne, où j’ai baigné dans un univers iodé qui m’a façonné au quotidien lors de mes nombreuses balades géologiques et escapades le long du littoral du Trégor dans les Côtes-d’Armor (Perros-Guirec, Trébeurden, etc…), sur la Côte de Granit Rose, … Une véritable trajectoire de vie et d’amour pour l’aménagement du territoire et la nature s’est dessinée, en étant tout d’abord militant dans une association contre les travaux du Port de Trébeurden, mais également en proposant des aménagements légers et intégrés avec des pistes cyclables, des parkings d’accès aux plages de Beg Léguer sur la commune de Lannion dans les Côtes d’Armor (22), ainsi que des propositions de protection des dunes du littoral de cette même commune. C’était entre 1988 et 1991 et puis, chemin faisant, à travers mes études dans le domaine de l’environnement (1992-1995), débouchant sur une thèse de doctorat en 1998 dans le domaine de l’eau et de l’environnement, j’ai eu par la suite l’occasion de travailler dans différents bureaux d’étude d’ingénierie en France dans les domaines des infrastructures de transport sur les thématiques de l’eau et de l’environnement (1999-2012). L’ensemble de ces expériences professionnelles m’ont permis d’aboutir à la création d’Améten en 2013, qui rassemble aujourd’hui 42 personnes sur quatre sites (Grenoble, Annecy, Lyon et Bordeaux), cinq cellules thématiques (environnement règlementaire et foncier, hydraulique et milieux aquatiques, sites et sols pollués, milieux naturels et suivi environnemental en phase chantier) et un département international depuis deux ans et demi sur les problématiques de l’eau, de l’assainissement et de la gestion des déchets. Mon objectif est de conserver la taille humaine d’Améten pour ne pas dépasser 50 salariés, afin de garder le plaisir au travail et la qualité des relations humaines qui m’animent au quotidien.
Ma rencontre avec Alain Tidière et Corail Développement, qu’il dirige, s’est faite il y a six ans au cours d’une discussion sur une terrasse d’un café, et à cette époque, malgré tout mon intérêt pour les missions menées par Alain à l’international, la société Améten n’était pas encore prête, pas assez forte et structurée pour se lancer dans cette aventure…
Et puis, il y a un peu plus de deux ans, Alain Tidiere m’a appelé en me parlant du projet du Tagant en Mauritanie. Nous avons échangé durant près de trois heures et il m’a convaincu de répondre à un appel à projet lancé par la région Auvergne-Rhône-Alpes et l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse sur l’identification des ressources en eaux souterraines en Mauritanie, ce que j’ai fait et que nous avons obtenu.
A partir de ce moment-là, j’ai compris qu’Améten avait grandi et qu’une aventure nouvelle pouvait s’ouvrir, mais que le plus dur restait à faire : convaincre les bailleurs de fonds de la qualité de notre travail et embarquer mes collaborateurs dans cet horizon lointain. Ça a été réalisé lors de la restitution de la phase 1 de ce dossier, puis nous avons dans la foulée remporté l’appel à projet des coalitions d’acteurs sur la phase 2 du Tagant en 2021 pour le compte de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de l’agence de l’eau RMC, en collaboration avec Corail. J’ai pu, au travers de ces différents appels à projets, apprécier la philosophie de Corail et d’Alain Tidière : raisonner global, notamment pour ce qui concerne les enjeux climatiques ; la possibilité pour une entreprise de nouer des relations durables avec un bénéficiaire plutôt que de travailler en « one shot » ; la mise en place de transfert de compétences aux pays en développement, tout en respectant leur contexte, en s’y adaptant et en mobilisant leurs propres compétences, associées à celles des PME françaises dans les projets à l’international.
Actuellement, Améten fait intervenir les collaborateurs désireux de s’engager sur l’international : Khalid Alami, hydrogéologue de 30 ans d’expérience, embauché comme directeur international ; deux hydrogéologues; une hydraulicienne spécialiste des thématiques de l’hydraulique urbaine et fluviale ; un ingénieur spécialiste des bases de données SIG dans le domaine de l’eau et de l’environnement, et moi-même, avec mes 28 ans d’expérience. Ce service est avant tout fort de l’expérience de ses membres, qui possèdent entre dix et trente de métier. L’objectif est de parvenir d’ici trois à cinq ans à réaliser 10 à 12 % du chiffre d’affaires d’Améten (environ 4,5 à 5 millions d’euros) à l’international, à savoir 500 000 € par an sur les métiers de l’eau et de l’environnement.
Pour moi, engager Améten dans le développement à l’international sonnait comme une évidence, surtout dans un cadre tel que celui défini par la coopération décentralisée, en lien avec des associations et des ONG, avec un transfert de savoir-faire et de technologies entre les pays du Nord et du sud. Cette intervention à l’international a vocation à apporter à Améten et ses salariés une ouverture d’esprit, un développement personnel et de nouvelles perspectives professionnelles. En effet, sur les incitations d’Auvergne-Rhône-Alpes et de l’Agence de l’Eau notamment, le fonctionnement de notre bureau d’étude se situe à mi-chemin entre ONG et bureau d’étude classique, avec les allers-retours entre ce qu’Améten réalise en France et ce qu’elle retire du transfert de ses méthodes à l’étranger, sorte de laboratoire d’expérience ou de benchmarking.
Enfin, je voudrais aussi souligner les difficultés du développement à l’international pour une PME française comme Améten qui ose s’engager, prendre des risques, ce qui nécessite de comprendre le fonctionnement local dans les pays africains concernés (Mauritanie, Côte d’Ivoire et Cameroun actuellement). C’est la confiance tissée avec Corail qui, de par son expérience à l’international, permet et permettra à l’équipe d’Améten de franchir les obstacles et de résoudre les problématiques qu’elle rencontre à l’étranger.
Et, comme je l’écrivais au début de cet article, et pour finir sur une note d’optimisme, il est important que le travail que l’on mène, quel qu’il soit, reste un plaisir quotidien et partagé, afin que le métier d’ingénieur en aménagement du territoire et en environnement soit avant tout une passion.
Ludovic Le Contellec
Gérant de la société Améten et trésorier de Corail
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