CORAIL DÉVELOPPEMENT

Aide au développement
Coopération décentralisée à volet économique

Actualités des projets et des missions

Octobre 2023

Études de la Rivière Qadisha, Évaluation et Recommandations

Nous avons le plaisir d’avoir tendu notre plume à Jessy Farah pour ce nouveau Parole de Partenaire. En charge du projet « Eau et Changements Climatiques » pour l’association Chambéry Solidarité Internationale, elle revient sur la composante « études » coordonnée par Corail qui s’est clôturée en septembre. L’occasion de la remercier pour son travail acharné et sa disponibilité !  

 

Le projet prometteur du Parc Naturel Régional de la région de Qadisha, au Liban, vise à relever les défis complexes liés à la disponibilité et à la gestion de l’eau. Dans cette optique, une étude approfondie a été lancée pour explorer les impacts de ces problématiques sur les cazas de Bsharri et Zgharta. Ces régions reposent principalement sur deux piliers économiques : le tourisme et l’agriculture. La durabilité de ces secteurs dépend directement de la viabilité à long terme des ressources en eau, y compris divers usages tels que l’irrigation et l’approvisionnement en eau potable, ainsi que de la nécessité de préserver l’environnement dans lequel ils prospèrent. La dégradation des ressources en eau affecte à la fois sa qualité et sa quantité, non seulement le volume d’eau diminue mais sa concentration en polluant augmente affectant les composants nutritifs qui jouent un rôle essentiel dans ces secteurs d’activité. 

Les études ont débuté en juin 2022 et se sont poursuivies jusqu’en juin 2023. Elles englobent à la fois des recherches qualitatives et quantitatives, ainsi qu’une enquête sur les sources de pollution dans la région. Chaque mois, des étudiants et des professeurs ont effectué des relevés, qui ont ensuite été comparés aux données antérieures. L’Université du Balamand était chargée de surveiller les débits et la profondeur de l’eau, tandis que l’Université Libanaise supervisait l’étude de la qualité de l’eau, de la turbidité, des propriétés bactériologiques et des paramètres physico-chimiques. Les résultats et livrables du projet visent principalement à fournir aux parties prenantes locales une compréhension des éventuels changements dans les ressources en eau, fournissant aux maires des indicateurs clés pour prendre des décisions éclairées concernant la gestion de l’eau dans leurs régions respectives et à l’échelle du territoire du futur Parc. 

Plusieurs méthodologies de travail ont été testées lors des premières visites afin de trouver l’approche la plus adaptée. Des visites de sites communes et séparées ont été effectuées, et les différences de rythme de travail et d’objectifs ont conduit à l’adoption de mesures distinctes. Au cours des premiers mois, le taux de change instable de la livre libanaise a perturbé les investigations mais l’investissement de l’ensemble des parties prenantes à permis de mener les études à bien. 

Une analyse approfondie de la disponibilité en eau a également été entreprise pour aborder la complexité des facteurs en jeu, notamment les précipitations, l’évaporation, les débits des cours d’eau et les nappes phréatiques. 

En vue de coordonner la gestion des ressources en eau et de renforcer la résilience face au changement climatique, la mise en place d’un modèle de gouvernance est cruciale. Cette initiative a été menée en complément des études par Chambéry Solidarité Internationale. 

 

Les conclusions de l’étude indiquent plusieurs facteurs significatifs affectant la qualité de l’eau et les débits dans la région d’Abu Ali.  

  1. En ce qui concerne la qualité de la ressource en eau, la principale source de pollution est le manque de collecte et de traitement des eaux usées pour une population estimée à 650 000 habitants. Une station d’épuration a été construite à Tripoli, mais elle ne fonctionne toujours pas car le réseau de collecte n’a pas été achevé. Le financement de ces infrastructures est un défi majeur, d’autant plus que les municipalités sont financièrement incapables de supporter ces dépenses, et les coûts d’exploitation sont élevés. 
  1. En ce qui concerne les rejets industriels et agricoles, la pollution des eaux souterraines semble encore sous contrôle, mais l’utilisation de produits phytosanitaires non autorisés par des agriculteurs en difficulté financière est préoccupante. De plus, les élevages de porcs et de poulets rejettent des polluants organiques au-delà des niveaux sécuritaires, nécessitant des actions immédiates. 
  1. En ce qui concerne les mesures quantitatives des débits du fleuve, il est apparu que les mesures produites par l’ONL ne sont pas fiables en raison du manque de ressources de l’ONL pour effectuer des ajustements nécessaires. Des solutions possibles incluent le renforcement des capacités de l’ONL, la délégation du suivi des mesures aux EELN ou l’externalisation des campagnes de mesures. 
  1. En ce qui concerne la mobilisation des acteurs, il est important d’impliquer les dirigeants des agences régionales de l’EELN dans les campagnes de mesure et le suivi. Malgré les difficultés économiques, ces équipes ont montré leur volonté de s’impliquer. 

Cependant, toutes les recommandations ne sont pas immédiatement applicables en raison de la situation économique locale, et certaines nécessitent des décisions gouvernementales. Elles peuvent être utilisées pour plaider en faveur de changements au niveau national. 

 

Jessy Farah 

 

Avec le soutien de :

Octobre 2023

Délégation Mauritanienne : le partenariat entre les régions du Tagant et Auvergne Rhône-Alpes a le vent en poupe

 En ce mois de septembre, Corail a eu la chance d’accueillir une délégation mauritanienne pour quelques jours. Abdi Horma, Directeur Général des Collectivités Locales au Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation et Mohamed Biha, Président du Tagant, nous ont rendu visite dans le cadre des opérations menées dans cette région 

 

Un Comité de Pilotage réussi pour l’opération de télémétrie  

Les deux décisionnaires mauritaniens, rejoint en visioconférence par Mohamed Jiddou, Directeur de l’hydrologie et des barrages, ont en effet fait le déplacement pour assister au second Comité de Pilotage de l’opération Télémétrie Tagant 

Précédée d’une première phase de cadrage dédiée à la définition et la validation du contenu technique de l’opération, cette seconde étape avait pour objectif la réception des dispositifs sur plateforme. Nos partenaires mauritaniens se sont donc rendus dans les locaux de l’entreprise PARATRONIC pour une présentation du matériel. L’occasion de démontrer son efficacité aux commanditaires et de procéder à sa mise en caisse avant départ.  

À suivre… la réception et l’installation des stations de télémétrie en Mauritanie prévues pour novembre. Dans un objectif de durabilité, une formation sera par la suite délivrée aux agents en charge des équipements et un suivi de fonctionnalité sera effectué durant les trois premiers mois de mise en service du dispositif pilote.  

Au regard des apprentissages de cette expérience, un dossier bancable sera rédigé en vue d’un déploiement de la technologie à l’échelle nationale.  

 

Une coopération franco-mauritanienne renforcée  

Le Président Biha et le Directeur Horma ont profité de l’occasion pour rencontrer Philippe Meunier, Vice-Président de la Région Auvergne Rhône-Alpes. Une rencontre synonyme de bonne nouvelle pour les deux territoires qui ont pris la décision de donner plus de poids à leur partenariat. Sera notamment envisagée la possibilité de transformer l’actuelle charte d’amitié qui les lie en convention de coopération décentralisée*.  

À suivre…  L’hospitalité sera mauritanienne cette fois-ci ! La pareille sera renvoyée au Vice-Président qui est invité à l’atelier de restitution du pilote de télémétrie prévu en début d’année 2024.  

 

*La notion de coopération décentralisée vous parait floue ? Nous avons dédié un article complet à sa définition dans notre dixième newsletter.  

 

Avec le soutien de :

 

 

 

 

Juillet 2023

L’Edito d’Alain TIDIERE, Président de Corail Développement

EVOLUTION / ADAPTATION

 

Comme tous les organismes vivants, CORAIL évolue et doit, pour survivre, s’adapter à son environnement. Or en presque 25 années d’existence l’environnement géopolitique et économique de l’association a beaucoup évolué.

 

L’ordre du Monde change rapidement. Les priorités sociétales ont changé. La perception des « relations Nord-Sud » a changé, tant de la part des acteurs du Nord que de la part des décisionnaires du Sud.

Ce qu’il est rassurant de constater, c’est que les projections sur l’avenir lesquelles, il y a 25 ans, ont prévalu à la création de CORAIL, et les motivations qui ont permis de porter l’association sur les fonds baptismaux, se vérifient chaque jour avec un peu plus d’acuité … et les orientations que nous avions adoptées, l’approche des relations « Nord-Sud » que nous avons défendue, la méthodologie que nous avons progressivement et laborieusement élaborée pour structurer et concrétiser cette approche innovante, se révèlent de jour en jour comme susceptibles de répondre aux nouvelles attentes, et semblent de plus en plus reconnues par les décideurs en matière de relations internationales.

 

J’ai bien conscience que ce-disant, je parais un rien prétentieux. Mais cette prétention doit être tempérée par un constat d’échec : nous ne sommes pas … je ne suis pas … parvenu à mettre au point un modèle économique qui permette de garantir non seulement la durabilité, mais également un développement serein de CORAIL. Et les principes qui font la force de notre démarche en sont également les talons d’Achille.

 

Notre crédo de base est de rechercher, orchestrer et coordonner les complémentarités entre trois types d’acteurs que sont, les services publics des pays en développement (que nous appellerons les « bénéficiaires »), les institutions porteuses de coopération du Nord (que nous appellerons les « bailleurs ») et les acteurs économiques des deux bords (que nous appellerons les « entreprises »). En mobilisant ces trois types d’acteurs, en nous positionnant à leur interface, en s’arrogeant le rôle de coordinateur des leurs compétences complémentaires, nous devenons dépositaires de la relation de confiance établie avec chacun d’eux en vue du succès de l’opération à laquelle ils participent. Or le succès de l’opération dépend bien sûr de nos propres capacités de management de l’opération, mais elle dépend également de la capacité de chacun des acteurs précités à respecter les engagements pris à la conception de l’opération : que l’un de ces acteurs trahisse, volontairement ou non, ses engagements initiaux et CORAIL devient de facto le responsable des difficultés induites au regard des deux autres ! Et de là, se doit d’en assumer les conséquences et de combler les lacunes.

 

Ce d’autant que nous avons fondé CORAIL sur un autre principe : en matière d’aide au développement, nous considérons avoir « obligation de résultat » (et pas seulement « obligation de moyens »). Dans le cadre des échanges préliminaires avec les bénéficiaires locaux à partir desquels nous allons concevoir l’opération, définir ses objectifs et son architecture, nous identifions des besoins, mais nous créons également des « attentes » … attentes qui ont souvent trait à la survie des populations concernées … attentes qu’une fois émergées, nous n’avons plus le droit de trahir. D’où l’obligation de résultat. Or, la notion de « résultat obligatoire » n’est pas toujours compatible avec la notion de « résultat financier ».

 

Le statut d’association fait que nous n’avons pas de dividendes à verser à nos « membres » : c’est bien pour cette raison que nous avons choisi d’adopter ce statut. En revanche, comme toute structure économique, une association se doit de faire face à des problèmes de trésorerie, et pour s’en affranchir autant que faire se peut, se doit de se constituer un « fonds de roulement » à partir de résultats financiers cumulés d’année en année. C’est cet équilibre entre « résultat obligatoire » et « résultats financiers » que nous … que je … n’ai pas su trouver … ou tout au moins que je n’ai pas su optimiser !

 

Est-ce à dire qu’il nous faut renoncer ? Ce n’est pas ce que je pense, mais en considération de mon âge et de ma retraite proche (février 2024) l’opportunité d’une suite éventuelle ne m’appartient plus.

 

D’abord parce que, sagement, le Conseil d’Administration de l’association a souhaité profiter de ce « tournant » de la vie de l’association lié à mon départ à la retraite, pour faire un point financier, identifier les forces et faiblesses de la démarche, et remettre en question le « modèle économique » : ce sont les finalités fixées par le CA pour l‘exercice 2023.

Enfin et surtout parce que si « devenir » il devait y avoir (et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’il y en ait un quelle qu’en soit la forme), il appartiendrait à la génération suivante de l’imaginer et le cas échéant de le porter !

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